Le jacobinisme au quotidien...
A propos de la présence d'une chanson bretonne au concours Eurovision 1996, madame Monique Rousseau, député RPR du Doubs, s'indignait auprès du ministre de la culture de l'époque, M. Douste-Blazy, de la présence d'une chanson en langue bretonne pour défendre les couleurs de la France.
" La promotion des langues régionales et la préservation de nos cultures régionales, et en particulier bretonne, sont essentielles. Au 43ème concours de l'Eurovision qui vient d'avoir lieu en Norvège, la France a présenté une chanson bretonne. Mais ne conviendrait-il pas que, dans les organisations internationales, nos représentants s'expriment en français ? Lorsque la langue française est menacée, il est choquant de voir la France représentée par le breton. On n'est pas Breton et Français, on est Français et Breton. Je suis pour l'Europe des Etats, pas pour l'Europe des régions."
En juin 1997, un document interne émanant d'un Inspecteur de l'Education Nationale en poste à Pau, était distribué aux 420 délégués départementaux de la DDEN ( Direction Départementale de l'Education Nationale ).
Cinq raisons pour s'opposer au développement du bilinguisme en langue régionale à l'école publique.
Les langues régionales ont sans aucun doute leur place à I'école comme l'enseignement de n'importe quelle langue ou discipline, mais le bilinguisme en langue régionale est incompatible avec les principes et le fonctionnement de l'Ecole Publique.
1- il privilégie la culture et la langue d'une "communauté" alors que le rôle de l'école publique est de privilégier la culture et la langue française dans un objectif de cohésion sociale (cf. Programmes de l'Ecole élémentaire 1995)
2- Il n'offre aucune garantie de cohérence dans les apprentissages scolaires, à plus forte raison lorsque Français et langue régionale sont enseignés par deux personnes distinctes. (On notera que c'est d'ailleurs cet argument de cohérence qui est - à juste titre - invoqué pour demander aux maîtres d'assurer eux-mêmes l'enseignement des langues étrangères !)
3- Il n'est pas fonctionnel car Ia plupart des enfants qui "subissent"ce bilinguisme ne vivent pas dans un dans un milieu bilingue, seul argument qui pourrait justifier sa présence à l'Ecole Publique. La volonté éventuelle de recréer un bilinguisrne là
où il n'existe pratiquement plus ne devrait trouver place que dans un cadre extra-scolaire, peut-être à l'occasion de projets d'aménagement du temps scoIaire...
4 - Il est extrêmement coûteux en moyens, ce qui pose deux problèmes :
- celui de la priorité en période de rigueur budgétaire ;
- celui de l'iniquité au détriment de ceux qui ne peuvent bénéficier eux aussi de tels moyens supplémentaires pour d'autres activités telles que l'informatique ou la musique par exemple
5 - Il s'inscrit dans une politique incohérente dans la mesure où l'Etat finance désormais les écoles privées en langue régionale contre lesquelles ce bilinguisme était censé servir de parade.
DANIEL GAUCHON ( Inspecteur de l'Education Nationale )
N.B : Le texte en "gras" est souligné par l'auteur dans le document d'origine