Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Lèvres et yeux gommés
Os de la face éclatés
Gisements de sang froid dans les veines
Racines des doigts tranchées
Aubépine fanée de notre haleine
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Notre peuple un enfant
Confus recroquevillé
Qui se protège du bras
Contre les ciseaux les couteaux glacés
Qui découpent et qui greffent
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
H écatmobe d'enfants cassés
Dans les petits matins noirs
Cerveaux neufs limés et rabotés
L'écrou de la peur sur les bouches qui se taisent
Entrailles tordues fouaillées d'aiguilles et de griffes
Il est défendu de cracher par terre et de parler breton
Ils ont interdit le rêve et le réel
Sous leur ordre nauséabond
Ils nous ont imposé un vide immense
Nous guettons enfouis dans la vase
Gros de leur crime innombrable
Gros de l'insurrection de notre peuple
PAOL KEINEG ( P.J. Oswald, 1971 )