Visite de Traoñ-an-Dour avec Roger Laouenan
Traversons donc rapidement le bourg paisible - par l'avenue de l'Elysée (mais oui) - quelques pittoresques enseignes (café de la Forge, café des Cyclistes, café des Chasseurs) nous aident déjà à décrocher de l'agitation urbaine. Prenons la direction de Trégrom. Bientôt s'offre à nos yeux le bocage d'un Trégor "tout en plis et en replis", pour employer l'expression d'Anjela. Champs encadrés de talus, rideaux d'arbres, fermes, hameaux, un "environnement" comme en rêve de plus en plus le citadin. La route serpente, franchit un passage à niveau : la ligne de chemin de fer Brest-Paris traverse la commune, encore deux cents mètres et, à main droite, une pancarte Keriot. Traoñ-an-Dour est au bout du chemin qui, du haut de ses quelques cent mètres d'altitude, vous promène entre deux haies de genêts d'un or éclatant (au printemps).
Direction Traoñ-an-Dour
A l'horizon, droit devant, la pointe du Menez-Bré, la "montagne sainte" du Trégor, qui, tel un sein, bombé, semble allaiter le ciel. On devine d'ici la vallée du Léguer, creusant une faille dans la mer de verdure. Automobilistes, attention ! Le passage sur le pont étroit enjambant la ligne de chemin de fer - que nous refranchissons donc - ne permet pas les distractions.
Nous laissons la ferme des époux Savidan à notre droite (un coup d'oeil sur la belle porte ogivale) et nous descendons vers Traoñ-an-Dour. Un petit arrêt peut-être devant deux vénérables chênes, tordus, crevassés, sentinelles séculaires plantées, dirait-on, aux portes de l'éternité. La maison, là sous nos yeux, est celle de M. Delaunay, le voisin et ami qui accueillit Anjela le soir de l'émission, la dernière porte où frappent certains visiteurs égarés. Car maintenant le chemin se resserre entre deux talus. Avant de négocier un virage qui peut obliger le maladroit à une manoeuvre, portez donc votre regard vers le bourg de Trégrom : pâté de maisons grises agglutinées au clocher. Vous reviendront en mémoire les paroles d'Anjela à la télévision :
"Le village de Trégrom, là-haut, comme une poussinière..."
La ferme des Savidan
Il vous reste une centaine de mètres à parcourir. Mais pourquoi ne pas garer ici la voiture ? Vous éviterez une entrée tapageuse dans la cour de la ferme, au milieu des aboiements des deux chiens (qui jappent aussi, il est vrai, aux semelles des piétons) ou des cris de la volaille apeurée. Et puis, laissez-vous donc pénétrer de la paix ambiante ; ouvrez vos oreilles au chant des oiseaux ou au bruissement des feuilles, humez les senteurs lourdes des foins, des blés, ou des fleurs qui tapissent les talus.
Trop courte mise en condition car voici, déjà, les bâtiments de la ferme.
Traoñ-an-Dour : mot-à-mot "le bas de l'eau"
Anjela Duval de Roger Laouenan aux Editions Nature et Bretagne (1982).