LA LANGUE BRETONNE

" Chaque langue est porteuse d'une réflexion et d'une culture, il ne s'agit pas de faire des combats, il s'agit de faire en sorte, surtout avec les moyens modernes de communications : les réseaux, etc., de faire en sorte que la richesse culturelle du monde ne soit pas appauvrie.

Voilà pourquoi il ne s'agit pas pour nous de faire contrepoids à l'anglais, mais de faire en sorte que le français se développe aussi parce que c'est une culture, je souhaite la même chose pour beaucoup d'autres langues...Pour toutes les langues."

Jakez CHIRAC le 13 novembre 1997 à Ho Chi Minh

Les origines

Si l'origine de la langue bretonne reste à déterminer avec exactitude, on peut raisonnablement penser que le breton est un mélange de " gallois et de gaulois ". L'émigration des bretons vers l'Armorique au IIIème siècle peut, en partie, expliquer l'existence de la langue bretonne, seule langue celtique du continent. La situation géographique de la péninsule armoricaine peut, en outre, servir d'explication à la survivance du breton face à la romanisation de la Gaule.

Le recul de la langue bretonne

L'expansion de la langue bretonne - liée à la conquête territorial - trouva son apogée au Xème siècle. L'abandon progressif du breton par l'élite constitua, dès le XIème siècle, le début du recul de la langue nationale ( le dernier roi bretonnant sera Hoël - voir la succession historique - ). Même si Anne de Bretagne appris le breton, l'apathie des classes dirigeantes suffira largement à marginaliser la langue du peuple. Cette régression se stabilisa à partir du XVIIème siècle. La fin du XIXème sera lui marqué par l'apparition des lois scolaires de la République et du début de la lente agonie de la langue bretonne...

 

La francisation des bretonnants

L'apparition de la loi Ferry du 16 juin 1881 sur la gratuité de l'enseignement, marque un véritable tournant pour la langue bretonne. En effet, dès le 23 mars 1881, le règlement des écoles primaires communales des départements ordonne dans l'article 14 que "le français sera seul en usage dans l'école". Il n'est donc plus question de langue bretonne...

Rapport de l'inspecteur LUCAS en 1890 sur l'enseignement de la langue française en pays bretonnant

" L'usage constant de la langue bretonne en 23 de nos cantons est toujours un obstacle puissant à l'enseignement de la langue française. Néanmoins les exercices de langage qui grâce à une toute nouvelle et excellente méthode M. l'Inspecteur Carré, se font maintenant d'une façon régulière et méthodique dès l'entrée des élèves à l'école, auront pour résultat de délier la langue de nos petits Bretons, de les amener à entendre et parler plus tôt et avec moins d'hésitation la langue nationale, de développer plus rapidement leur intelligence et leur instruction, particulièrement en ce qui regarde la rédaction et le style dont la faiblesse ne s'explique que trop bien dans nos campagnes bretonnes. Les enfants désormais arriveront ainsi à reconnaître plus vite les sources des idées, à en faire le choix, à les enchaîner dans leur ordre logique, à trouver le mot propre, la forme correcte pour rendre leur pensée et à porter dans leur composition comme à mettre dans leur parole, cette netteté, cette précision, cette clarté qui constituent le caractère et la puissance du génie français. "

SOURCE : Archives Départementales de St Brieuc in Hor Yezh

Les agissements des Républiques Françaises successives n'ont fait qu'accentuer cette intégration forcée. L'usage du " symbole " jusque dans les années 50, sera l'une des méthodes les plus répressive pour faire disparaître la langue bretonne.

Quelques dates importantes depuis la Révolution

- Le 26 octobre 1793 la Convention ordonne par décret : " Le français sera seul en usage dans l'école".

- Le 27 janvier 1794 un décret ordonne la nomination dans chaque commune où on ne parle pas français d'un instituteur francophone.

- En 1849 La Villemarqué publie le " Barzaz Breiz "

- Le 16 juin 1881 la loi Ferry instaure la gratuité de l'école.

- Le 23 mars 1881 le règlement des écoles primaires indique que le français sera seul en usage dans l'école.

- En 1908 a lieu la première unification orthographique, celle des 3 dialectes -Cornouaille, Leon,Tregor- (KLT) , le Vannetais lui conserve sa graphie d'origine.

- 1914 - 1918 La Grande Guerre décime une partie de la population bretonnante.

- En 1941 a lieu la deuxième unification de l'orthographe bretonne mais, cette fois-ci avec le Vannetais (KLTG). Cette orthographe est celle qui est aujourd'hui essentiellement utilisée.

- Le 11 janvier 1951. Loi Deixonne relative à l'enseignement des langues et dialectes locaux.

- Le 17 mai 1977 le Conseil municipal de Lampaul Ploudalmézeau vote la location de l'ancienne école privée à l'association DIWAN, pour l'ouverture d'une classe maternelle en langue bretonne.

- Octobre 1977. Charte culturelle

- 1981 Création de la licence de breton.

- 1983 est l'année d'ouverture des premières classes bilingues breton/français.

- 1985 Apparition du CAPES en breton.

- 1989 Création du Deug en breton.

- Le 15 juin 1992 une Loi constitutionnelle pose le principe que "la langue de la République est le français ".

- Le 2 octobre 1992 le Conseil de l'Europe propose aux Etats membres sa charte des langues régionales ou minoritaires.

- En 1994 il est devenu possible de composer l'histoire et la géographie du Brevet en breton.

- En 1996, après avoir laissé entendre qu'il la signerait, le gouvernement français déclare la charte des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l'Europe anticonstitutionnelle.

- La première promotion du lycée DIWAN passe le BAC au mois de juillet 1997. 12 reçus sur 12 présentés !

Le renouveau littéraire de la langue bretonne

Le XXème siècle sera marqué par un véritable renouveau de la langue bretonne. Un renouveau qui ne sera pas sans drames, avec une première guerre qui laissa Yann-Ber Kalloc'h sur le champ d'honneurs, et un deuxième conflit qui entraîna bon gré mal gré une partie du mouvement breton dans une "collaboration opportuniste" qui espérait voir vaciller une République tant hostile à la langue bretonne. Incarné principalement par GWALARN, le mouvement littérraire breton trouva dans Roparz Hémon, Youenn Drezen, Glenmor, Maodez Glanndour, Abeozen, Anjela Duval et bien d'autres encore les véritables précurseurs de la littérature bretonne moderne.

Pourquoi la France ne souhaite pas signer la Charte européenne !

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